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Culture

Expatriation: Faut-il apprendre la langue de votre pays d’accueil?

Ça y est vous y êtes. Le grand saut. L’inconnu. À la maison, on vous envie cette chance de partir vivre dans un autre pays. L’expatriation, l’aventure, l’exotisme, ça fait tellement rêver! Mais voilà, une fois les grands au revoir passés et les cartons déballés, il est temps de faire face à votre nouvelle réalité: vous venez d’emménager dans un pays dont vous ne parlez pas la langue!

Vous n’avez peut-être pas tellement choisi, juste suivi. Avec enthousiasme certes, mais aussi un peu d’appréhension. Votre conjoint va parler anglais au travail, mais pour vous le quotidien de conjoint d’expat promet son lot de défis.

Première grande bonne nouvelle, vous n’êtes pas seul dans ce cas. Des expats et conjoints d’expats dans des pays exotiques, il y en a toute une flopée! Une belle communauté pour partager cette aventure, échanger des bonnes adresses et s’aider en cas de coup dur. Yay!!

Alors d’expérience, une des premières choses qu’un français recommande à un autre français fraîchement arrivé, c’est une bonne boulangerie, ou une bonne alternative. De ce côté là, la vie peut continuer. Tout va bien se passer.

Ensuite vient la question cruciale: apprendre ou ne pas apprendre la langue locale?

Les pour

Il y a des tas de bonnes raisons de s’y mettre et je vous avais déjà donné un petit aperçu de cette expérience dans cet autre article. Apprendre la langue de votre pays d’adoption, même sans parler de devenir bilingue, va vous apporter tout ça:

1/ Ne pas passer pour un touriste de passage

Si votre vocabulaire se limite à bonjour merci au revoir avant de basculer à l’anglais (si vous êtes à l’aise) ou à la langue des signes (si l’anglais fait défaut d’un côté ou de l’autre), c’est gros comme le nez au milieu de la figure: vous êtes un touriste. En tant qu’expat, vous allez pourtant accumuler des connaissances sur les pays et ses coutumes – et parfois aussi le coût de la vie (ce tshirt pour $10 c’est de l’extorsion!). Rien de tel que parler dans la langue locale pour montrer que « vous êtes d’ici ».

2/ Susciter l’attention et la curiosité de votre interlocuteur

Dans un pays dont la langue n’est pas très répandue et où très souvent les étrangers se contentent de l’anglais, imaginez le plaisir qu’aura un local à vous entendre dire quelques phrases dans sa langue! Ne serait-ce que pour demander si tel plat est au poisson ou au boeuf, ou pour demander du sucre pour votre café. Il est des pays où le simple fait de savoir compter jusqu’à dix est source d’émerveillement. Ne passez pas à côté de cette expérience géniale! Rien de tel pour attirer la sympathie du teinturier du coin (oui ça c’est du vécu!).

3/ Comprendre la culture et le comportement

Ça peut paraître incroyable, mais à travers une langue, on découvre la logique locale. Parfois des réactions ou des réponses peuvent paraitre étranges mais tout devient plus clair quand on découvre comment s’articule la langue. Pour vous donner un exemple, j’avais constaté dans mes cours d’anglais à des japonais, qu’ils répondaient à l’envers lors d’une questions négative.

Tu n’as pas mangé à midi? Oui 

Comprenez par là: non je n’ai pas mangé.

Mes cours de japonais m’ont ensuite appris que lorsqu’on pose cette question en japonais, la réponse est formulée différemment. On ne va pas répondre pour dire si oui ou non on a mangé, mais plutôt si ce que tu me dis est vrai ou pas.

Ce qui donne:

Tu n’as pas mangé à midi? Oui (ce que tu dis est vrai, je n’ai pas mangé à midi)

Et je dois bien avouer que sans les cours de japonais, je n’aurais jamais compris ça. Et surtout, ça devenait beaucoup plus facile de corriger mes élèves. Si je me contentais de leur dire qu’ils devaient répondre non à une question négative, pour la confirmer, je les perdais complètement. Mais en comprenant comment eux résonnent, j’étais tout à coup en mesure d’adapter mon explication à leur raisonnement.

4/ Être fier de soi et recevoir l’admiration des autres

Alors je ne dis pas par là qu’il faut apprendre une langue étrangère pour le plaisir de la flatterie, pas du tout! Simplement, pour revenir au début de cette histoire, votre entourage trouve ça génial que vous partiez vivre à l’étranger. Famille, amis, ils suivent votre aventure, vos découvertes et vos déboires de loin.

Arrive le moment de rentrer pour les fêtes, ou pour de bon. Question: « Alors ça y est tu parles le…? »

Vous n’y couperez pas! Et là deux choix se présentent à vous:

  1. Oui un peu, je me débrouille – ou alors vous êtes bilingue et là je vous applaudis!
  2. Non, c’est trop compliqué, pas envie d’essayer, l’anglais est suffisant, etc.

Croyez moi, même si tout ce que vous savez faire c’est commander dans un restaurant, demander le prix d’un article et dire à un taxi où vous souhaitez vous rendre, vous serez fier de répondre Oui!

Vous serez par la même occasion capable de partager beaucoup plus que des impressions extérieures avec votre entourage. Vous pourrez partager toutes les expériences de rencontres, les faux-pas, incompréhensions et succès que vous aurez rencontrés lors de vos échanges verbaux.

5/ Sortir du cercle des expats

Dans tout pays il y a des expats. Et qui dit expats dit groupes d’échanges, activités groupés, visites culturelles. Si la communauté francophone est importante, alors vous rejoindrez peut-être un cercle de francophones. Sinon il est probable que vous rejoigniez le cercle plus large des expatriés, tout en anglais.

Dans un cas comme dans l’autre ces cercles sont d’une aide précieuse – voir l’exemple de la boulangerie plus haut- mais sont aussi un piège pour qui ne se bouge pas les fesses! Ne vous laissez pas aller à ne fréquenter que ces groupes. Certes s’il s’agit de groupes de toutes nationalités vous allez faire des rencontres géniales et des découvertes culturelles extraordinaires, mais vous allez surtout passer à côté de l’essentiel: les rencontres locales.

oui ou non

Les contre

Évidemment, rien ne vous oblige à vous y mettre. Il y a même beaucoup d’expats qui se contentent de l’anglais et basta. Alors les arguments suivants vont sûrement aller dans votre sens, mais je vous réserve des contre arguments, juste pour faire la balance.

1/ Ça ne me servira plus après

C’est très probable, et c’est certainement le meilleur argument possible pour ne pas dépenser tant d’efforts à apprendre une langue qui ne se parle que dans un pays. Je ne peux que vous donner raison.

Mais regardons les choses autrement. Imaginons que vous êtes muté, ou que vous suivez votre conjoint qui vient d’accepter une proposition de travail au Cambodge. Exotisme, météo parfaite et coût de la vie très faible, vous allez vous régaler c’est certain.  Apprendre le Khmer vous semble sans interêt, c’est tellement touristique que l’anglais suffit. Et puis une fois terminée la mission au Cambodge, une fois rentrés en France ou ailleurs, il est très peu probable que vous trouviez quelqu’un avec qui parler Khmer!

Pourtant après quelques mois, un an, voire deux à vivre dans ce pays, vous serez familiarisé avec certains modes de vie. Et plus la fin de votre séjour approchera, plus vous regretterez de ne pas avoir consacré du temps à cette langue qui vous aurait permis de profiter pleinement de cette aventure.

Vous n’utiliserez peut-être plus cette langue par la suite, et il est fort probable que vous perdiez ce que vous avez appris assez rapidement par manque de pratique, mais l’important, n’est-ce pas le présent?

2/ C’est trop compliqué

Certes, apprendre le thai ou le chinois c’est autre chose que l’espagnol ou l’allemand. Systèmes d’écriture différents, sonorités jamais rencontrées auparavant (à l’inverse des langues telles que l’espagnol ou l’allemand justement, qui font leur apparition dans les films assez fréquemment).

Et là bien sûr, on aimerait tous une recette miracle. Celle qui dit qu’on peut apprendre n’importe quelle langue facilement. Désolée de vous décevoir, ça n’existe pas. Apprendre une langue, ça demande des efforts, du temps, de la régularité et de la pratique.

Pour autant, ce n’est pas nécessairement compliqué, juste un peu long. Alors à vous de voir. Si vous avez du temps, êtes vous prêt à faire l’effort?

3/ Je ne suis pas fait pour cette langue

Aha! J’aime beaucoup cet argument. Pour moi, il ne tient pas debout. Ça veut dire quoi « ne pas être fait pour une langue »?

Posez-vous la question suivante: si vous étiez né et aviez grandi dans tel pays, sauriez vous parler sa langue?

Réponse: Oui évidement! Donc on est tous capable de parler n’importe quelle langue. Si au cours de notre croissance, notre esprit rentre dans le moule de telle langue et nos muscles se contentent de faire les mouvements nécessaires à la prononciation de notre langue natale, ça ne veut pas dire qu’on n’est pas capable de prononcer les autres et d’apprendre leur vocabulaire et leur logique.

Je vous renvoie à l’argument numéro 2.

 

Si vous êtes arrivé jusqu’ici, si ça vous démange, ne vous posez plus la question est lancez vous! Prenez le temps d’apprécier cette expérience extraordinaire qu’est la vie d’expatrié. Imaginez que vivre dans un autre pays sans en connaitre la langue, c’est comme le survoler depuis un nuage sans vraiment s’en approcher. Quand ce sera fini, vous pourrez dire que vous l’avez vu, mais jusqu’où l’aurez vous vécu?

Il y aura toujours des bonnes raison de ne pas le faire. A vous de voir comment vous voulez vivre cette expérience!

 

Vous êtes déjà expatrié ou vous l’avez été? Comment s’est passé votre expérience linguistique?

 

One Comment

  • Sandrine

    Belle article Madame 🙂
    Oui en effet l’expatriation touche beaucoup de monde. Lorsque l’on débarque dans un pays dont on en connaît que peu la langue, apprendre est la meilleure façon de s’intégrer.

    J’aime beaucoup cette citation : « Grâce aux langues, on est chez soi n’importe où » – Edmund de Waal

    Apprendre une langue c’est aussi s’ouvrir l’esprit en pensant différemment et en exprimant des comportements différents.

    Je me rappelle mon voyage de 1 mois en Italie. J’avais alors commencé à apprendre l’italien et j’ai pu observé que l’italien a eu sur moi des effets incroyables.
    J’étais encore plus démonstrative et expressive que ce que j’étais avant de vivre à Rome. 🙂
    Plus encore, j’ai sentie un vrai sentiment d’être chez moi.
    Comment explique tu ceci Séverine ?
    Être dans un pays que l’on ne connait pas et se sentir plus chez soi que dans son pays natal.
    Merci de ta réponse.

    Sandrine
    https://plaisir-d-apprendre-l-italien.com/

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