Apprendre facilement: les compétences et leur importance
L’idée d’apprendre une nouvelle langue peut parfois faire peur. Avant même de commencer, on imagine déjà tous les obstacles qu’il nous faudra franchir pour atteindre notre objectif. Mais il ne doit pas forcément en être ainsi. Regardons comment apprendre facilement une langue étrangère, en faisant tomber les barrières inutiles.
Aujourd’hui je vous propose d’analyser comment se passe l’apprentissage afin de trouver le juste équilibre des différentes compétences utilisées pour de meilleurs résultats – et moins de frustration!
Je partagerai avec vous ma petite histoire à ce sujet un peu plus loin dans l’article, pour ne pas casser tout le suspens.
Lorsqu’on s’exprime dans notre langue natale ou dans un langue étrangère, nous utilisons 4 compétences qui peuvent être classées en 2 groupes:
La Réception: Ecouter et Lire
La Production: Parler et Ecrire
Si en français c’est maintenant automatique pour nous, quand on décide d’apprendre une langue étrangère ces compétences et le groupe auquel elles appartiennent prennent toute leur importance. Pourquoi?
Intéressons nous d’abord aux groupes et leurs avantages au cours de l’apprentissage.
La Réception, c’est bien sûr tout ce que l’on apprend de nouveau, car extérieur à nous.
Elle permet donc de:
- Enrichir le vocabulaire
- Apprendre de nouvelles structures de phrases
- Améliorer la compréhension (vitesse de prononciation, longueur du discours ou du texte, différents accents, argot et expressions locales)
- Tout simplement accumuler des connaissances variées de la langue.
La Production, c’est le fait de pratiquer – ressortir – ce que l’on a appris.
Elle permet donc de:
- Répéter les phrases clefs
- Utiliser le nouveau vocabulaire
- Améliorer la prononciation
- Faciliter la conversation et l’écriture grâce à une pratique régulière qui fait que le nouveau langage est bien assimilé par notre cerveau.
Il faut une bonne combinaison de réception et production pour réussir à atteindre un niveau de conversation confortable.
Combien de fois entendons nous dire “Je comprends quand on me parle anglais, mais je ne sais pas y répondre”?
C’est typiquement le résultat d’un déséquilibre entre la réception et la production. Regarder des films en VO, lire des livres en anglais et être confiant du vocabulaire et tournures de phrases accumulés; mais confronté à une situation de conversation, réaliser la difficulté à ressortir tout ce qu’on sait.
Pour autant, les 4 compétences sont-elles égales?
Et bien non, pas du tout! Il n’y a pas d’égalité qui fonctionne pour tous, mais plutôt un équilibre qui varie selon nos besoins et le contexte dans lequel on apprend une nouvelle langue.
L’oral et l’écrit
Prenons l’exemple de l’anglais presque omniprésent, quel que soit le pays où l’on vit.
Que ce soit pour du tourisme (réserver une chambre d’hôtel, lire le menu des restaurants), pour le travail (emails, réunions) ou pour des interactions sur internet (réseaux sociaux, groupes de discussion, webinaires) il est fort probable que la lecture et l’écriture aient autant d’importance que l’écoute et la parole.
De même, si vous vous engagez dans l’apprentissage d’une langue pour le travail, les études ou par interêt linguistique, il est très probable que l’écriture fasse partie de votre apprentissage.
L’oral tout seul
Mais il est des cas où l’oral suffit, particulièrement lorsque le système d’écriture requiert un apprentissage plus long.
Ainsi, je connais des personnes qui peuvent parler chinois ou thaïlandais, sans pour autant être en mesure de lire ou écrire ces langues.
Mais comment est-ce possible?
C’est très souvent lié au contact direct avec des personnes parlant cette langue.
En y réfléchissant, on est tous capable de parler notre langue natale, bien avant de savoir l’écrire. J’ai d’ailleurs récemment passé une journée avec des amis italiens, vivant en France, ayant habité en Angleterre et dont la fille de 6 ans parle italien, français et anglais alors qu’elle ne maitrise pas encore l’écriture!
Et il n’y a pas si longtemps que ça sur l’échelle de l’humanité, une grande partie de la population était analphabète! Aujourd’hui il est difficile de dissocier l’oral de l’écrit, et pourtant ce sont bien deux besoins différents.
Prenez un guide touristique, vous y trouverez une section avec une liste des mots et phrases utiles dans le pays en question. Et puisque c’est juste pour un court séjour, ces mots et phrases sont généralement écrits avec notre alphabet, de façon phonétique. On ne se préoccupe donc pas de l’écriture, seulement de la communication orale.
Imaginons aussi le cas du contact direct avec des personnes parlant une autre langue. Cela peut être en habitant dans un pays différent, ou en travaillant dans le tourisme par exemple, ou pourquoi pas en travaillant avec de expats qui nous donnent les bases de la communication dans leur langue natale. Pourquoi pas aussi, ayant rencontré notre âme soeur, on apprend au quotidien quelques expressions et petit à petit on développe un niveau basique de sa langue.
Bref dans tous ces cas de figure, on parle, on échange verbalement des idées, on veut faire bonne impression auprès des clients étrangers ou de la belle-famille. Et pour ça, pas besoin de savoir lire et écrire.
La petite histoire tant attendue
Pour la petite histoire, je vous ai parlé dans l’article Pourquoi apprendre une langue étrangère: un univers au-delà des mots des incroyables découvertes que j’avais faites en apprenant le russe et le japonais, et cela entre autres au travers du système d’écriture.
Là on était typiquement dans l’interêt linguistique. Parlons ici de l’expérience même de l’apprentissage.
Le russe – un simple obstacle
J’ai appris le russe loin de la Russie. C’était un interêt personnel avec un but de voyage, mais aussi une affinité de longue date. Certes il utilise l’alphabet cyrillique, mais ce ne sont que 32 lettres qui sont vite apprises avec un peu de pratique. J’ai pris des cours de russe et dès le début tout était en cyrillique. C’est un peu laborieux mais on s’y fait.
Le japonais – une barrière infranchissable qui ne tenait qu’à moi
Par contre lorsque j’ai commencé le japonais au Japon je n’ai pas pris le temps de réfléchir au vrai besoin, au contexte de mon apprentissage et au meilleur moyen de progresser rapidement. Et ce fut un échec fracassant!!
A l’écrit
L’apprentissage de l’hiragana et du katakana fut assez rapide. Deux semaines à pratiquer tous les soirs sur une ardoise, et hop, c’était fait. Seulement voilà, au Japon, il y a aussi les kanjis. Ils sont partout et impossible de lire une phrase complète, une affiche dans le métro, une publicité sur un prospectus, sans se heurter à ces nombreux caractères. J’ai totalement fait un blocage là-dessus. J’avais décidé que si je ne savais pas lire et écrire les kanjis, je ne pourrais pas progresser en japonais parce-que je ne pouvais pas lire ce qui m’entourait.
A l’oral
Je profitais évidement des annonces dans les trains et les métros pour pratiquer l’écoute, mais on tourne vite en rond une fois qu’on a compris les heures, les numéros de quais et le nombre de wagons. J’ai aussi regardé des séries en VO sous-titré, et écouté des musiques de J-pop et c’est vrai que ça m’a quand même bien aidé à distinguer les sons et améliorer ma prononciation. Mais je faisais du sur place.
Le vrai problème: une approche qui ne me convenait pas
J’ai essayé toutes sortes de cours, dont l’un avec un rythme très soutenu de 6 heures par semaines (et c’était la version facile, j’ai un collègue qui lui avait 15 heures par semaine), avec la supposition que d’une leçon à l’autre, on avait retenu ce qui était appris et on pouvait passer à la suite. Jamais de romaji au tableau. J’ai totalement lâché prise. J’étais incapable d’utiliser ce que j’apprenais. Reception 1 – Production 0.
J’apprenais le japonais parce-que l’opportunité s’était présentée de vivre au Japon, mais contrairement à mon collègue marié à une japonaise et fraichement arrivés pour s’installer au Japon, je n’avais pas l’objectif d’avoir un niveau proche du bilingue. Je voulais juste être capable d’avoir des échanges simples dans la vie de tous les jours.
Combiner l’apprentissage de l’oral ET de l’écrit représentait pour moi une charge de travail que je n’étais pas prête à fournir à un rythme aussi soutenu. Peut-être aussi que mon travail étant d’enseigner l’anglais, j’avais du mal a ensuite passer des heures à apprendre à mon tour (parce-qu’en plus des 6 heures par semaine il y avait aussi des devoirs écrits à rendre à chaque leçon).
J’ai ensuite changé d’école de langue et le programme a complètement révolutionné ma perception de l’apprentissage du japonais et des priorités. Hélas 2 mois plus tard nous quittions le Japon et je voyais disparaitre toute opportunité d’enfin profiter pleinement de ses bénéfices pour parler japonais en ne me souciant plus trop de l’écrit.
Résultat
J’en ai tiré des leçons donc c’est plus facile à accepter, mais je regrette quand même de ne pas avoir su profiter pleinement de l’opportunité qui m’était offerte, simplement parce-que je me suis mis des barrières qui n’auraient pas dû exister. J’ai quand même acheté les livres Marugoto jusqu’au niveau B2 car je ne compte pas en rester là et que j’ai vraiment accroché avec leur méthode d’enseignement. L’écriture y trouve ça place bien sûr mais est beaucoup moins imposée dès les départ.
Mes suggestions pour trouver le bon équilibre
Posez-vous les questions suivantes pour déterminer ce qui est important dans votre apprentissage. Vous éviterez ainsi de vous mettre des barrières qui n’ont pas lieu d’être.
- Quelle est ma motivation à apprendre cette langue?
- Comment vais-je l’utiliser?
- Quel niveau est-ce que je souhaite atteindre?
- Le système d’écriture est-il simple à apprendre?
- Est-ce que je suis prêt à faire l’effort d’apprendre l’écrit dès le début, en plus de l’oral? Est-ce que j’en ai le temps?
- Puis-je ajouter l’écrit plus tard?
Bon apprentissage! Sachez vous faire plaisir en découvrant une nouvelle langue. C’est la clef du succès!
17 Comments
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Gene
Hello Hello !
La méthode Maruguto dont tu parles est facile à se procurer ? Intéressante pour mon ado tu penses ?
Bises !
Severine
Bonjour!
Les cahiers sont disponibles sur Amazon. Par contre il me semble qu’ils sont en anglais. Une partie du site pour étudier en ligne en complément des cahiers a une interface en français.
Voici le lien du site Marugoto :
https://www.marugoto-online.jp/info/fre/sp/type/index.html#mainContents
Par contre je n’ai pas beaucoup utilisé le site car j’étudiais en classe. Mais approfondir son utilisation est sur ma liste 😉
Si ton ado s’y met, je suis preneuse de ses retours d’expérience.
Anne-Lise de Grandir en Langues
En tant aussi que prof de langues et passionnée des langues, je ne peux qu’être complètement d’accord avec tout ce que tu dis ! 🙂 On oublie trop souvent la notion de joie quand on apprend une langue pour se ranger derrière un cadre très scolaire souvent décourageant 🙂 Alors que c’est hyper fun et que les 4 compétences montrent bien que c’est en plus facile d’y accéder rapidement 🙂
Severine
C’est vrai qu’on voit vraiment la différence pendant les cours. Entre le plaisir de parler, raconter son weekend ou ses loisirs, et le calme plat et la difficulté qui s’installent souvent quand on passe à l’écrit. C’est normal car ce sont des tâches différentes pour le cerveau, mais ça ne doit pas pour autant être rébarbatif 😉 Je me rapelle d’une fois où chacun devait faire un poster A4 vite fait pendant le cours, pour donner envie aux touristes de visiter leur pays natal. Ensuite chacun passait voir les posters des autres et choisissait sa destination préférée. Une activité écrite bien loin des textes rébarbatifs!
Emmanuel
Superbe article
Apprendre par la production orale et écrite cela permet au cerveau et à des intelligences de s’approprier mes compétences et en quelque sorte de les voir en 3D
Bravo et à bientôt
Severine
Ah c’est interessant ça! J’aime beaucoup l’idée de la 3D.
Fais briller tes etincelles
hello! Super j’ai trouvé ma solution!!! Voilà, je viens de prendre la résolution d’apprendre une nouvelle langue le portugais car je reviens de Lisbonne et suis fan de ce pays. J’adorerai parler cette langue elle me titille dans la tête depuis quelques années avec des « Ah oui trop beau! » et des « qu’est -ce que j’aimerai parler » mais encore des « Ah j’adoOOORE! » Bon… ben après un 1er cours me voici en train de procrastiner les suivants..Donc je vais cesser de me poser des questions existentielles et m’offrir 5 minutes pour m’offrir Ta série de questions essentielles. Merci beaucoup
Severine
Avec grand plaisir Florence! C’est marrant qu’on se soit justement mises toutes les deux au portugais – c’est mon défi. Pareil, on a visité Lisbonne et c’est tellement chouette que je voudrais pouvoir en profiter plus et interagir plus avec les gens la prochaine fois qu’on y va. Bon courage pour la suite, tiens moi au courant de tes succès et tes galères (si tu en as 😉
Valentine - Parents en Equilibre
Pour avoir enseigné l’italien pendant 10 ans, je te rejoins à 100% sur la notion de plaisir. La langue est un outils pour communiquer et elle n’a pas besoin d’ être impeccable, elle doit surtout être adapté au contexte auquel on veut l’employer et dans un dynamique plaisant 🙂
Severine
Merci Valentine. C’est du vécu (pour moi!) et tu en as certainement fait l’expérience aussi auprès de tes élèves.
Claire
Merci pour ton retour d’expérience sur l’apprentissage du japonais, c’est très enrichissant. Effectivement il est important de clarifier l’objectif de départ, quitte à me faire évoluer ! Parfois on se place la barre trop haut d’emblée et l’effet est de saboter la motivation. Comme quoi, bien choisir sa méthode d’apprentissage a une importance cruciale, et ça on en est peu conscient car on pense qu’une école c’est une école et qu’on apprendra partout de la même façon. Grosse erreur !
Severine
Merci Claire. Ce qui est génial c’est que ça s’applique à tout un tas de domaines. C’est une autre façon d’aborder les choses au lieu de foncer tête baissée.
Elise
Merci beaucoup pour la liste de questions à se poser qui va bien m’aider ! Elise
Severine
Avec grand plaisir Elise. Tiens moi au courant!